Dernière modification le 25 mars 2024 à 14:50.
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Cette semaine, pour cette deuxième séance en direct vouée à la transformation numérique des entreprises, je reçois Russel Tremblay, qui œuvre en réalisation d’audits 4.0 et plans numériques sur la Côte-Nord.
Avec un passé fortement axé sur le développement économique et l’établissement de programmes en entrepreneuriat, Russel travaille maintenant pour l’ITMI (Institut de Technologie de Maintenance Industrielle).
L’ITMI est un centre d’excellence en maintenance industrielle. Il est considéré comme un CCTT (Centre Collégial de Transfert de Technologie).
Sa mission consiste à exercer, dans le domaine de la maintenance industrielle, des activités d’information, d’aide technique et de recherche appliquée pour le bénéfice des entreprises du Québec.
Russel occupe un rôle-clé à l’ITMI, tant pour réaliser des plans numériques que pour assurer le développement des affaires de cette organisation.
Dans son rôle, Russel réalise des mandats d’audits 4.0 sur la Côte-Nord mais aussi ailleurs au Québec.
C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que je le recevrai pour discuter de transformation numérique des entreprises mais aussi de la réalité de la PME en région.
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Par ici pour visionner le webinaire complet :
Transcription intégrale
Je suis avec le coloré Russel Tremblay ce matin en direct de Sept-Îles.
Salut Russel!
Salut Simon, ça va?
Ça va très très bien.
Écoute, je vais juste rapidement un peu introduire le concept du live pour tout le monde.
On rappelle qu’on a lancé ces lives-là pour discuter, échanger entre professionnels de l’industrie, mais aussi entre des acteurs clés pour parler de transformation numérique des entreprises.
On n’est pas dans la poutine de parler de l’impact sur le citoyen.
Le monde numérique, c’est les citoyens, mais c’est vraiment d’un point de vue entreprise.
Pas seulement de l’entreprise manufacturière, mais toutes les autres.
Je comprends que dans ton cas, Russell, tu as une expérience en développement économique.
Dans les derniers mois, dernières années, tu es plus avec le manufacturier, si je comprends bien.
Oui, en fait, moi j’ai été 7 ans commissaire industriel pour la ville de Sept-Îles.
Puis, bon, quand on était dans le développement économique, on était beaucoup avec le monde minier.
Puis, les premières fois que j’ai commencé à entendre parler du 4.0, c’était avec toute la question des mines en Australie qui étaient gérées à distance.
Puis, bon, ils disaient que ça s’en venait, qu’il fallait se préparer dans une région comme la Côte-Nord, qui est principalement au niveau des matières premières.
Donc, on surveillait beaucoup ça, qu’est-ce qui se passait là-bas.
Puis, par un concours de circonstances, j’ai dû changer d’emploi parce que j’ai vécu une expérience politique.
Donc, une fois que l’expérience politique a été passée, je me suis ramassé dans un centre de recherche qui est basé à Sept-Îles, au Cégep, donc un CCTT. Puis ça, ce CCTT-là est basé sur la maintenance industrielle.
Donc, la maintenance industrielle, essentiellement, c’est de rendre les équipements toujours fiables, toujours productifs, toujours en opération.
Donc, une fois que, on a été créé en 2011, le centre de recherche, dès 2012, on a parlé d’industrie 4.0 ici.
OK. Pourquoi?
Pourquoi? Parce qu’on était en relation avec des minières comme ArcelorMittal, Rio Tinto, avec une aluminerie qui, en fait, est la plus grosse aluminerie des Amériques, qui s’appelle l’aluminerie Alouette, qui, bon, avait des relations un peu partout dans le monde, puis avait découvert les concepts de l’industrie 4.0.
Ils nous ont demandé, bon, est-ce qu’il y a des choses à faire là-dedans?
Nos équipements, on veut les rendre intelligents.
Exemple, dans les usines de boutage, il y avait toujours des shutdowns pour essayer de faire la maintenance des équipements. Ça faisait ça six mois.
Donc, ils nous ont demandé de regarder si ces équipements pourraient nous aviser quand est-ce qu’ils allaient devenir malades, quand est-ce qu’il fallait faire la maintenance. Donc, on a travaillé beaucoup là-dessus, sur des projets de recherche de ce type-là pour être capables de, finalement, toucher beaucoup au 4.0, le centre de recherche de la maintenance industrielle basé à Sept-Îles.
Donc, c’est un petit peu ça.
De l’autre côté, moi, personnellement, quand je suis arrivé ici, on m’avait engagé pour travailler sur les zones d’innovation. Donc, c’est vraiment pas le 4.0.
Bon, vu que j’avais été un petit peu une expérience en politique et j’étais quand même dans beaucoup de rencontres d’entreprise, tout ça, nous, on avait été un centre de recherche qui avait été ciblé par le ministère de l’Économie pour mettre sur pied le programme d’audit 4.0, le fameux programme qu’a mis sur pied le gouvernement du Québec.
Tu veux dire le mettre sur pied dans la Côte-Nord?
Non, non, le mettre sur pied, là, on les a aidés parce qu’ils ont fait des audits tests un peu partout au Québec.
OK.
Et nous, ils nous avaient ciblés, fait qu’on avait aidé le ministère à faire les premiers audits avant que le programme n’existe.
OK !
Puis même la première moulure du ADN 4.0 que les gens pouvaient faire en ligne, c’était mon organisation qui l’avait faite. Et la mise à jour également, c’est nous qui avons fait ça également.
OK.
Donc, une fois que c’était fait, on avait deux auditeurs principaux ici. Un avait quitté entre-temps quand je suis arrivé pour ArcelorMittal. Le deuxième se cherchait finalement un « wingman », un ailier droit pour aller faire les audits avec lui.
Il m’avait dit: « Écoute, Russel, tu es capable de jaser aux entreprises, pourrais-tu gérer les entrevues? »
Bon, on s’entend, moi, j’ai une formation en gestion, en administration, puis j’ai la question de l’entrepreneuriat, donc j’avais quand même une facilité à rentrer dans les entreprises aussi par mon expérience de commissaire industrielle, dans laquelle tu vois des centaines d’entrepreneurs, là, par année.
Donc, j’ai dit, il n’y a pas de problème, je vais y aller.
Donc, avant qu’on fasse notre premier audit, l’auditeur principal me dit qu’il s’en va pour une PME de la région. Donc, il dit: « Russel, je te laisse le dossier des audits 4.0. »
OK. Ça fait que je n’ai jamais fait d’audit.
Il dit, bien, je vais être quand même gentil, je vais faire un audit avec toi.
OK, c’est la moindre des choses vu que tu m’as entraîné là-dedans.
Donc, finalement, on a fait le premier audit, puis c’est comme ça que j’ai commencé à toucher beaucoup au 4.0 parce que depuis 2020, on a fait quand même plusieurs dizaines d’audits en PME un peu partout au Québec.
OK, ça fait que vous ne couvrez pas seulement la Côte-Nord, vous allez sur un territoire plus large que ça.
Non, c’est ça.
C’est sûr, vu qu’on est un jeune centre de recherche, quand tu es au début, tu travailles surtout dans ton jardin d’entreprises à proximité. OK. Mais on a à couvrir le Québec en entier, quand on est un centre de recherche financé par le gouvernement du Québec.
Puis, la question des audits, ça a été comme le déclencheur qui nous a fait sortir beaucoup plus de la région. Donc, oui, on a fait des audits sur la Côte-Nord, mais j’ai fait des audits dans l’Outaouais, j’ai fait des audits dans le coin de Drummondville, de Sherbrooke, Thetford-Mines, Saint-Georges. Donc, ça a été…
Ah oui, ça fait que tu t’es promené pas mal dans tes valises.
Oui. Oui.
Donc, dans le fond, tu nous as un peu… Tu as déjà… Tu as couvert un peu comment tu t’es amené… Tu t’es retrouvé à t’intéresser au 4.0 à travers tout ça.
Comment tu définis, là, une question bien fondamentale, philosophique, comment tu définis la transformation numérique? C’est quoi?
La meilleure citation que j’ai entendue, parce qu’au début, quand je faisais des audits, j’expliquais beaucoup, là, aux entrepreneurs, c’était quoi, le 4.0.
Puis, honnêtement, je « bisounais » beaucoup sur plusieurs mots. Finalement, c’était rien de concret. Il fallait vraiment que j’explique de long en large.
Puis, on a eu un colloque. On a organisé, ici, à Sept-Îles… On avait plusieurs conférenciers. Puis, on avait invité Michel Rioux de la cohorte 4.0 de l’ETS.
D’HEC.
OK.
Puis, il était venu ici, puis il avait dit, le 4.0, essentiellement, c’est de transformer un fait, en information.
Ah, bon! Je trouvais ça hyper brillant, de la manière qu’il l’a dit, parce que c’est exactement ça.
Les gens se trompent souvent, c’est quoi, le 4.0? On pense beaucoup que c’est l’automatisation. Mais c’est pas ça.
Parce que l’industrie 4.0, c’est la quatrième révolution industrielle.
La troisième révolution, c’était justement l’automatisation avec les robots.
Donc, le 4.0, c’est vraiment de prendre, de créer une nouvelle ressource, qui devient l’information qu’on peut utiliser pour prendre des meilleures décisions d’affaires.
Je l’ai pas dit, j’ai déjà été aussi, j’ai donné un cours à l’Université du Québec à Chicoutimi, de marketing, puis je m’en rendais pas compte à ce temps-là, c’était début des années 2000.
Puis, j’amenais beaucoup d’exemples concrets, c’était quoi l’importance, là, en marketing, de savoir ta clientèle, tout ça.
Puis, je donnais un exemple, finalement, qui était très 4.0 pour l’époque. C’était un exemple de Walmart. Puis, pour vous montrer, c’était quoi la puissance d’information versus un fait.
Walmart, quand il y a des ouragans aux États-Unis, ils se sont rendus compte, parce qu’ils analysaient beaucoup les ventes, donc il y avait un système, à chaque fois qu’il y avait des produits qui étaient vendus, ça rentrait dans une base de données, après ça, ils ont créé des ressources informatiques capables d’analyser ces données-là.
Ils se rendaient compte qu’un Américain moyen, quand il y a une annonce d’un ouragan, il se stockait de « pop tart ».
Mais il s’en stockait vraiment de façon éhontée, en passant du principe qu’on serait capable de se nourrir pendant trois mois.
Les « pop tart », tu n’as pas besoin d’électricité pour ça.
En fait, tu peux le laisser à l’air libre pendant à peu près huit ans, puis c’est encore le même goût. Ça fait qu’il n’y avait pas de risque.
Donc, ce qu’ils se sont rendus compte, Walmart, c’est de dire, regarde, on a des faits qui arrivent dans notre entreprise. Les gens achètent de façon incroyable les « pop tart ». Donc, on les a analysés. Puis, ce qu’ils font, c’est qu’ils mettent les « pop tart » à la vue de tout le monde quand il y a des menaces d’ouragans. Ils augmentent les prix. Ils se stockent de « pop tart » de façon incroyable.
Tout passe rapidement.
Ils font un profit incroyable durant l’épisode qui se veut malheureux.
Mais pourquoi ils ont fait ça? C’est parce qu’ils ont analysé des faits pour les donner en information qui va prendre les meilleures décisions d’affaires pour l’organisation.
Ça, on parle des années 90 qu’ils ont commencé à faire ça au Walmart.
Donc, on se rend vraiment compte que le 4.0, pourquoi on peut le faire à plus grande échelle maintenant, c’est que la puissance du calcul, les machines, sont beaucoup plus efficaces.
La façon de capter les informations aussi est beaucoup plus évoluée.
On s’entend que quand on scanne avec un supermarché comme Walmart, c’est plus facile. Ce n’est pas une grosse technologie high-tech pour être capable d’analyser ce qui est vendu dans notre entreprise.
Mais maintenant, on est capable de prendre des informations qui, finalement, se dissipaient sur le coup du moment, puis de les garder, les stocker, puis après ça, d’en faire quelque chose de valable pour le secteur final.
Donc, pour moi, si je résume vraiment ta question, c’est de transformer un fait en information.
Ça va finalement être rentable. C’est intéressant parce que celle-là, je l’ai légèrement entendue. Je savais que tu me dirais des affaires que tu allais m’en apprendre aujourd’hui.
Pourquoi, selon toi, une entreprise devrait entreprendre sa transformation numérique? C’est-tu pour devenir sans papier ou c’est une autre raison? Tu sais, toi, dans ce que tu vois dans toutes tes visites d’industrie, puis d’entreprise?
La première des choses, c’est que le conseil que je donne, il ne faut pas que ce soit pour flasher.
Ce n’est pas pour dire, je vais être 4.0, puis je vais être in, puis il faut que j’aie un tag que je vais pouvoir mettre à mon entrée de « business ».
Quand les gens vont rentrer, ils vont dire, wow, c’est un 4.0.
Ce n’est pas ça qui est important. Ce qui est important, c’est de savoir, y a-t-il un gain de productivité à aller chercher avec ça?
On s’entend qu’en Allemagne, c’est eux qui ont créé le concept, même s’il existait déjà, mais c’est eux autres qui ont créé le label, et c’est eux autres qui l’ont, surtout, le mieux exploité.
Ils ont parti d’un principe que si on est capable, justement, de donner une valeur à l’information, on va être capable de compétitionner d’autres nations qui ont d’autres avantages intrinsèques.
Pour ne pas les nommer l’Asie, ceux qui sont capables d’avoir du « cheap labor » de façon astronomique.
On s’entend qu’en Allemagne, le coût de la vie est plus élevé, donc ils ne pouvaient pas arriver là-dedans. Ils ont vraiment regardé ce qu’ils pouvaient faire, justement, donner une valeur à l’information pour être capables d’être plus productifs.
Donc, moi, quand je dis aux entreprises, pourquoi faire ça? Il faut regarder où est-ce que vous êtes. Il faut regarder qu’est-ce que vous pouvez faire de façon responsable et logique.
On s’entend que quand tu rentres dans une « business » qui a un chiffre d’affaires de 1,5 million, tu leur proposes une solution numérique à 1,5 million, ça ne peut pas faire de sens pour le gain que ça va chercher.
Il faut y aller à la mesure de nos moyens.
Puis aussi, d’être prêt à embarquer là-dedans parce que c’est des changements.
On le sait quand on… Tout le monde embarque.
C’est ça qui est important, c’est que tu sois capable de faire les changements petit à petit.
Y aller une étape à la fois, pour être capable que tout le monde embarque là-dedans parce que le hic là-dedans, c’est que si tu as la moitié des gens qui embarquent, je l’ai vu dans certaines entreprises, qu’il y avait un système de gestion intégré ils l’appelaient le 1RP, où finalement, c’était plus que juste au niveau de la production, ça touchait tous les fonctions de l’entreprise.
Puis il y avait la moitié des personnes qui l’utilisaient, donc les données dans le système de gestion étaient plus ou moins valables parce que tu avais tous ceux qui ne l’utilisaient pas.
Il y avait une couleur de cette information-là qui n’était pas dans l’outil de gestion.
Donc, les gestionnaires, quand ils se basaient sur l’outil de gestion, c’était des demi-vérités, donc tu ne peux pas prendre des décisions là-dessus. Donc, il faut vraiment être capable pour une entreprise de se dire, OK, je me fais un plan de match.
Voici les étapes que je dois faire pour ma transformation numérique et je vais les prendre une étape à la fois. Donc, il vaut mieux que j’aille avancer de deux pas que d’avoir essayé de mettre en place un plan global que finalement, je vais l’avoir fait tout croche, l’avoir fait à moitié, puis que finalement, ça n’aura aucun impact.
Je vais avoir dépensé de l’argent puis je vais me dire que c’est rien qu’une vague, le 4.0.
Moi, personnellement, je pense sincèrement que le 4.0, c’est l’avenir des entreprises. Puis ce n’est pas juste manufacturier.
Je donnais un exemple à un moment donné dans une entrevue à la radio ici parce qu’on me parlait beaucoup, « Bien, tu sais, Russel, tu parles beaucoup pour l’industrie minière, que c’est important, le 4.0, l’aluminerie, à la limite, les PME qui sont dans le monde très industrielles. »
Je me suis dit, « Écoutez, le meilleur exemple que je peux vous dire d’une innovation 4.0, c’est mon barbier qui l’a. » C’est un petit barbier, il a deux, trois employés, puis il n’a pas de secrétaire, rien.
À chaque fois que quelqu’un prenait rendez-vous, il arrêtait, il allait chercher. Des fois, il arrivait au bureau, il n’y avait personne. Ça fait qu’il s’est doté d’un outil de prise de rendez-vous automatique en fonction du temps que lui pouvait prendre. Il est avisé sur son téléphone quand est-ce qu’il faut qu’il se rende à son salon de coiffeur.
Puis, on sait très bien qu’on n’attendra pas qu’on arrive là, c’est tout est « timé » au quart de tour parce qu’il a vraiment fait l’analyse de ses façons de travailler.
Puis, ce n’est pas un gros dossier, mais c’est du 4.0 qui permet d’améliorer la façon de faire.
Ah oui, ça, toute la question de gestion des horaires puis des rendez-vous pour ces gens-là, les professionnels, exemple, de la santé, les gens qui sont masso, kinés ou tout ça, les ostéopathes, c’est toute la même problématique partout.
À la limite, si on serait vraiment là, on voudrait vraiment y aller, tu parlais d’autres professionnels, la santé, les urgences.
Oui.
Au lieu d’avoir leur code P1, P2, P3, P4 qui disent que c’est urgent ou pas, si on avait le code sur son téléphone, en disant, regarde, on t’ausculte, on va t’envoyer une information, un texto, t’es en lien avec nous autres, c’est le genre de petite innovation qui pourrait être faite, qui, même à la limite, peut-être qu’on pourrait prendre en considération tes signes vitaux, puis envoyer de l’information, mais t’es chez vous, donc t’es moins à risque d’être contaminé avec des virus.
Donc, c’est des petites innovations comme ça qui, je crois sincèrement que ça va devenir la norme dans tout le secteur de l’industrie, que ce soit des industries, des services, des entreprises de services.
D’ailleurs, le ministère de l’économie avait un programme d’audit pour les entreprises manufacturières, puis depuis janvier, ils se sont rendus compte que les besoins étaient dans tout type d’entreprise.
Donc, maintenant, n’importe quelle entreprise peut avoir accès aux subventions pour être capable de créer un plan numérique.
Oui.
Je veux revenir sur un point que tu as discuté.
Dans le fond, tu dis, la survie ou l’avenir des entreprises est lié au 4.0.
Je ne sais pas si tu as vu les résultats de l’enquête qui ont été annoncés, là, il y a peut-être une semaine ou deux, je crois, par le MEI, là. Moi, tu sais, le premier point qui m’a un peu sauté aux yeux tout de suite, là, c’est 63 % des entreprises manufacturières qui ont été sondées pensent que le 4.0 va avoir un faible impact pour eux autres.
Qu’est-ce que tu penses de ça?
Il y a une méconnaissance. À travers tous les audits que j’ai faits, je pense que c’est arrivé une fois ce que le l’entrepreneur… il était très déficit d’attention, il était très hyperactif, puis on le voyait vraiment, là, qu’il avait fouillé sur plein de sujets, puis il avait trouvé à quel point que c’était important, à un point qu’il prenait des cours pour créer ses propres outils numériques parce qu’il trouvait que le marché ne passerait pas pour lui.
Mais non, non, c’était un cas particulier, il était vraiment sympathique, là, il était inspirant comme personne, d’ailleurs.
Mais les gens ne comprennent pas.
Tantôt, quand je disais que, ah, je veux automatiser, c’est pour ça que je veux faire un plan numérique, que je veux automatiser ma production, quand on arrive, on leur explique, c’est pas ça, le 4.0, là, ça, c’est c’est, vous pouvez aller voir des machines qui vont automatiser certaines parties de votre production, mais après ça, comment tu fais pour coordonner les achats avec, les ventes avec tes machines?
Donc, est-ce que tu peux mettre des moyens qui vont faire en sorte que tu pourras rentrer? Donc, il y a beaucoup de travail de sensibilisation à faire chez les gens, puis quand j’ai vu, parce que je l’ai lu, j’ai vu, là, le sommaire, le sommaire, la synthèse, puis c’est ma lecture de chevet que je dois faire, là, quand je avoir un moment libre, mais…
Prochaine sieste!
Tu sais, il n’y avait rien de surprenant là-dedans, parce que les gens ne s’en rendent pas compte.
Puis, moi, ce que j’aime bien dire, c’est que 4.0, là, c’est pas d’avoir quelque chose d’automatisé, que toutes les machines se parlent entre eux autres, finalement, on peut avoir une usine qui est plus d’humain, ça, c’est leur rêve, mais il y a des étapes à se rendre au rêve, puis chaque étape est importante.
Moi, je suis un auditeur numérique du gouvernement du Québec, avec plein d’autres au Québec, je pense que Simon, tu en es un.
Souvent, il y a des gens qui vont dire: « Un fichier Excel, c’est pas du 4.0. »
Moi, j’ai vu des entreprises que, de la manière qu’ils opéraient son fichier Excel, ils rentraient plein de données, puis ça avait tous les coûts de fabrication, ils savaient où est-ce que ça n’avait pas marché, où est-ce que ça avait bien été dans chaque dossier, en ne rentrant que quelques petites données en fin de parcours.
On n’est pas loin du concept du 4.0, donc donner une valeur ajoutée à des faits, donc quand t’arrives à la fin et tu dis, regarde, on a sorti tel produit en 4h37, bien, c’est très bien que quand il rentre ça dans son fichier Excel, tout se calcule, parce qu’il avait tout monté ça, pour faire en sorte qu’il sait très bien que, ah, c’est des ressources humaines au niveau de l’usinage qui ont fait en sorte qu’ils ont manqué le bateau, qu’il essaie de savoir pourquoi.
Après ça, il creuse dans ses données, puis il est capable d’arriver.
Donc, le concept est là, après ça, le but, c’est de s’assurer que, vu que quand tu fais un audit sur l’entreprise, puis qu’on voit que le propriétaire est très en amour avec son fichier Excel, en fait, il ne veut pas s’en débarrasser, tu le sais qu’il ne s’en débarrassera pas, même si tu lui proposes autre chose, il ne le fera pas.
Bien, autant travailler à ces données-là, qui se veut qu’il n’y ait pas un outil, si on pourrait dire, 4.0, mais le transformer en créant des formules qui font en sorte que c’est devenu un complément au 4.0, donc autant partir de là pour le travailler, parce qu’on sait qu’il va l’utiliser quoi qu’il arrive.
Donc, une fois que c’est fait, puis que tu l’aides à l’amener là-dedans, bien,
il s’approprie le concept 4.0, puis au final, il va se dire : « Ça ne m’a rien donné, la transformation numérique. » mais, parce qu’il dit que c’est son fichier Excel qui a fait en sorte qu’il va mieux, mais quand tu as travaillé comme il faut pour qu’il l’amène de façon concrète, le résultat, il ne fait juste pas s’en apercevoir que finalement, 4.0, lui a amené de l’information.
C’est le côté positif à ça.
Mais le gros, c’est vraiment, c’est de la sensibilisation. On n’aura pas le choix de passer à côté, parce que ceux qui ne le feront pas, bien, c’est plate.
Ça va être comme l’équivalent du monde manufacturier dans les années 90, 2000, 2010.
Ça va être le marché asiatique qui va tuer les différentes industries, parce que ça va être les Allemands dans ce cas-ci, parce que c’est eux qui ont l’avantage de 4.0.
Donc, on va perdre un avantage, sur les autres.
Le côté positif, même si on dit qu’on est en retard au Québec, on a quand même des belles victoires.
Puis même, je parlais avec des spécialistes allemands, récemment, l’année passée. Ils nous enviaient beaucoup sur toute notre connaissance de l’intelligence artificielle. Ils nous voyaient comme des modèles desquels ils devaient s’inspirer.
Alors, même les meilleurs du 4.0, parce qu’on s’entend que l’intelligence artificielle rentre dans le 4.0, parce que c’est de l’analyse, des algorithmes.
Ça fait en sorte que on n’est pas loin de la vague.
Puis, il faut juste, justement, prendre les moyens d’y arriver. Se mettre au-devant de la vague pour être capable de visiter cette nouvelle ressource en termes d’émancipation.
Je pense que ça me rejoint ce que tu me dis. Effectivement, il y a un gros travail de sensibilisation. Puis, j’ai eu des échanges dans les dernières semaines relativement à ça. Notamment avec Dominic Pilon, qui est en ligne, je crois.
Moi, dans mes démarches, dans la région ici, puis un peu autour, d’amener une entreprise à développer son plan numérique, c’est difficile à les embarquer.
Je pense que une façon de les convaincre, souvent, c’est plus d’aborder le fait que ils savent qu’ils ont besoin de remplacer une certaine technologie. Ils ont besoin de faire un mandat de sélection. Bien, la porte que tu as, c’est que tu dis: « Bon,oui, on peut faire un mandat de sélection de technologie, mais tu sais quoi, si on commence par faire un plan numérique, on va avoir une longueur d’avance pour ton mandat de sélection. »
Je vais avoir déjà une connaissance approfondie de ton entreprise, puis ça va aller pas mal plus vite.
Tu sais, moi, je me rends compte que pour moi, pas la voie de salut, mais une des solutions, c’est peut-être ça pour les sensibiliser, à aller vers, à entreprendre une transformation numérique.
Tu sais, parce que leur dire, c’est ça, ils ont de la misère à percevoir que c’est une opportunité,
mais en même temps, une menace en ce moment pour la concurrence.
Le chiffre de 63%, il est quand même assez… En tout cas, pour moi, c’est capoté voir ça. Tu te dis, les gens sont… C’est ça, ils manquent de sensibilisation,
Mais c’est étonnamment quand, bien souvent, j’ai fait des audits numériques, puis je le sentais que l’entreprise y allait de reculons un peu, là. Tu sais, ils se sont fait vendre ça par les gens du ministère, c’est important.
Puis, ça n’a jamais arrivé, là, à la fin, même juste la période où tu es en entreprise, tu jases avec les gens, tu essaies de faire quoi?
D’avoir cet exercice de réflexion stratégique d’un point de vue numérique, parce que, bien évidemment, en tout cas, notre méthode, quand on va en entreprise, c’est… On n’a pas de questions prédéfinies, on y va vraiment, des discussions, en fonction…
« OK, comment vous travaillez ici? »
« OK, comment vous faites ça? OK, bon. »
On essaie de comprendre le procédé de production.
Après ça, on essaie de comprendre aussi l’information, comment elle transite. Donc, là, c’est d’humain à humain, c’est-tu d’humain à machine, de machine à machine.
Donc, on pose des questions, on va voir comment elle transite. À la fin, quand tu leur dis: « Bien, écoutez, voici, de façon globale, votre entreprise, c’est quoi. Voici ce qu’on met en urgence, ce qui devrait être fait, parce qu’il y a un gain à aller chercher. »
Bien souvent, l’entreprise va nous avoir dit, « Ouais, je veux… » « Je veux avoir un plan numérique, parce que je veux acheter une machine qui va me permettre d’automatiser toute l’étape de l’usinage. »
OK. Là, quand t’arrives, tu leur dis, « Écoutez, ça, c’est bien, sauf que tu vas avoir un goulot d’étanglement quand tu remets ta machine, parce que là, ici, c’est totalement des humains qui sont là.
Voici comment que l’information nous a dit de ton entreprise, comment ça transite pour arriver au produit final.
Puis, en fait, tu dois remettre des efforts sur ton service de livraison, parce que tout est stocké, puis finalement, tu te rends compte qu’il y a des problèmes.
C’est là que les gens se rendent compte, « Ouais, c’était pas fou d’avoir quelqu’un d’externe, d’avoir regardé comment le flux de travail se passe dans l’entreprise, puis aussi qu’on peut mettre après ça des… des innovations 4.0 pour faire en sorte que tu puisses aller mieux rapidement. »
Puis des fois, ils ont des surprises, parce qu’on a un savoir, les gens qui oeuvrent beaucoup dans le 4.0, d’innovations qui peuvent être d’un autre secteur.
Oui, c’est ça.
Quand t’arrives dans un tel secteur, ça te permet d’y arriver. D’ailleurs, même moi, j’avais proposé à un moment donné pour…
C’est un audit dans une microbrasserie.
En fait, c’était vraiment intéressant en plus, là, qu’il y avait… Ils vendaient toute leur production.
Fait que même si je leur proposais, là, d’être capable, là, de vendre plus, eux autres, ils disaient, « Regarde, on n’est pas capable de fournir. On a tout vendu à l’avance, ça. »
Fait qu’on a regardé des affaires au niveau de la production. Puis, bon, eux avaient un gros « concern », une préoccupation sur les bières non vendues chez leurs clients.
Parce qu’il y avait un système pour s’assurer que les bières, les meilleurs clients avaient le plus de caisses possibles. Mais il n’y avait aucune information quant à ce qui était vendu.
Fait que là, on leur a dit, « As-tu déjà pensé à mettre des puces RFID pour savoir où elles sont rendues vos caisses ? »
Fait que vous savez que, mettons, vous vendez à tel point de vente dans cette région-là, si vous n’avez plus de signal qui « pop » à tous les jours, ça va faire en sorte que vous devez aller vous en relivrer encore parce que le gars, il y a 15 fournisseurs de bières qui ne pensent pas nécessairement à vous autres, puis de la type.
Fait que là, ils ont dit, « Oui, mais ça va coûter un bras. » « Hé, on met ça dans les enveloppes de Postes Canada. » On ne te demande pas d’avoir le système que tu vas être en temps réel.
C’est qu’à la fin de chaque journée, il y a un message qui « pop ».
Donc, comme finalement, comme ce qu’on met dans les postes sur les timbres.
Donc, on s’entend que c’est, c’est une couple de cents par…
Oui, c’est ça.
Donc, ça ne crée pas un « bug ». Là, tu sais, ils ont regardé. En fait, c’est pas fou. On pourrait amener ça, puis finalement, on augmente finalement de 10 % notre taux de rotation des stocks dans les dépanneurs parce que c’est mieux géré puis on a moins à se déplacer aussi en termes de transport par rapport à ça.
Donc, c’est des petites innovations de même que tu te dis que ça arrive, c’est rendu disponible, c’est accessible, qui fait en sorte que ça fait une grosse différence dans les entreprises.
Oui.
Intéressant.
Il nous reste quelques minutes.
Je ne sais pas si tu as du lousse pour étirer ça un peu aussi. Tu te sens bien à l’aise?
Je suis tout à fait libre.
OK.
J’ai un casque. Ça va bien. Quand je parle, ça va bien.
C’est bon.
C’est quoi les plus grands mythes que tu as perçus que les gens ont par rapport au 4.0? Les plus grandes fausses croyances, disons.
La première, c’est que c’est pour les grandes entreprises. C’est pour tout le monde, le 4.0. Il ne faut pas se mettre des oeillères.
Il faut juste savoir qu’est-ce qu’on peut appliquer en fonction de ce qui est le plus gagnant pour nous. Le meilleur rapport qualité-prix.
Le fait que, en fait, c’est une petite… « 4.0, c’est sympathique, mais on ne voit pas l’intérêt de ça. »
Ça, c’est un mythe que j’entends aussi parce que c’est souvent une incompréhension.
Comme on disait tout à l’heure, le fait que c’est l’automatisation le 4.0, on ne sait pas ça. Si on y va vraiment succinctement, l’automatisation, 3.0, 4.0, c’est faire en sorte de mettre de l’automatisation entre les différents services d’entreprise, entre les données qu’on ne gardait pas.
Donc, ça, c’est un autre mythe.
De penser que c’est facile et que ça va se faire du jour au lendemain, c’est comme changer le « management » de notre organisation.
Donc, c’est pour ça que l’idée que le ministère de l’Économie, le fait de mettre en place des plans numériques et qu’ils financent ça.
Moi, je trouve ça fantastique parce que c’est ce que ça prenait.
Un plan stratégique que tu leur dis: « Voici, vous allez peut-être avoir 42 étapes à faire. Ce n’est pas grave si vous ne faites pas les 42 étapes. Si vous en faites cinq la première année, c’est parfait. Si vous en faites sept, c’est parfait. Si vous en faites trois, c’est parfait aussi. Vous allez à votre rythme. Mais si vous les avez bien mis en place et que vous les apprenez et que vous les faites de façon naturelle, c’est là que vous allez avoir des impacts qui sont très positifs sur vos opérations, sur votre rentabilité et sur votre façon de gérer votre entreprise. »
Il faut savoir aussi que leur démarche est excessivement bien faite et bien structurée pour atteindre les objectifs qu’ils ont fixés.
En fait, c’est qu’ils veulent vraiment réduire les risques financiers et technologiques pour les entreprises qui font des projets.
Je pense que, si on regarde avec les derniers changements qu’ils ont fait au programme audit 4.0, ils envoient le signal que, écoute, l’espèce de bar ouvert de subventions pour implanter des ERP et des technologies, il tire à sa fin, je pense. Je ne pense pas que ça va être éternel.
Il y a trop de cas d’entreprises qui implantent des technologies et qui leur coûtent beaucoup trop cher parce qu’ils n’ont pas fait le travail qu’il fallait en amont en termes de plan numérique, mais aussi en termes de sélection.
On voit souvent, d’ailleurs, la modification de ne pas juste mettre un plan numérique, au programme de subventions du ministère, mais aussi de mettre peut-être les trois, quatre premières recommandations, de les accompagner, finalement, être un intégrateur de solutions au sein de l’entreprise.
C’est un besoin qui ressortait des entreprises lorsqu’on faisait un suivi avec eux autres, des rapports d’audit.
Ils nous disaient: « Oui, c’est sympathique, mais je n’ai pas le temps parce que j’ai eu tel contrat. Puis, on a commencé à le faire, on a voulu le couper parce que, finalement, la charge de travail était en sorte que c’était trop. »
Donc, c’est sûr que c’est vraiment important, je trouve que c’est vraiment un bon coup qu’ils ont fait cette modification-là pour, justement, de faire le premier pas dans le 4.0 et de l’appliquer et d’être accompagné pour l’appliquer.
Donc, ça, je trouve que c’est vraiment une bonne chose.
Puis, il faut que les gens sachent que c’est disponible, ce programme-là, puis qu’ils n’aient pas peur d’y avoir accès.
D’ailleurs, grâce à ce programme-là, après ça, le ministère vous fournit des auditeurs numériques au Québec.
Donc, vous pouvez faire le choix parce que tout le monde se lance, « On est des experts numériques ».
Ce n’est pas tout le monde au Québec qui l’est, mais bon, c’est pour démêler ceux qui ont été accrédités parce que le ministère de l’Économie fait quand même une validation des connaissances 4.0 de ces auditeurs qui promouvoient le programme.
Ça peut donner aussi un coup de pouce aux entreprises qui veulent savoir quel consultant numérique je devrais avoir pour venir m’aider à m’accompagner dans cette transition numérique.
Oui, c’est ça.
Il faut savoir que les conseillers régionaux du MEI, ils recommandent souvent des auditeurs numériques, mais aussi des gens plus en sélection de technologies. Ils sont là pour aider les entreprises qui sont dans leur secteur, les aider avec leurs initiatives en tant que telles.
Tu nous as donné des exemples de projets avec des applications concrètes de technologies, notamment pour les bières. C’est un bon exemple.
J’ai encore mieux par rapport aux bières parce que ça, c’était le rapport. Ça, c’était carrément l’audit qu’on avait fait, mais on a eu une autre microbrasserie qui nous a contactés parce qu’eux autres, c’est très artisanal, les microbrasseries.
Ils nous demandaient de rendre la microbrasserie 4.0.
Donc, ça ne faisait pas partie d’un audit.
C’était vraiment un dossier de recherche dans notre organisme de recherche.
Donc, on a transformé une microbrasserie 4.0. Parce que du coup, tu ne peux pas laisser la fermentation de bière sans surveillance pendant plus que tant d’heures.
Donc, quand ça arrive en fin de semaine, la personne doit aller au bureau trois fois par jour pour être capable de voir si sa bière est correcte ou pas. C’était lourd.
Donc, on a travaillé avec eux autres pour rendre vraiment le procédé de fabrication de la bière, de fabrication de brassicoles, soit 4.0.
Donc, mettre des capteurs.
Donc, regarder c’est quoi les informations qu’on doit aller chercher.
Après ça, c’est quoi les capteurs qu’on doit mettre en place pour qu’ils puissent résister aux opérations.À la chaleur, l’humidité et tout ça.
Ensuite, l’information comment tu la stockes, comment tu la transites ?
Quelle interface que tu crées pour que ça soit facile pour l’entreprise d’avoir ces données en temps réel ?
Donc, c’est toujours le concept qu’on doit fonctionner quand on parle de mettre en place quelque chose 4.0.
C’est quoi les informations que tu dois récolter ? Comment tu les récoltes ?
Donc, les capteurs.
Après ça, comment que tu stockes l’information tout dépendant des endroits où il n’y a pas de réseau.
Moi, je suis dans une région où on a travaillé beaucoup dans le monde ferroviaire. Puis, ils nous ont demandé de prévenir les déraillements de train. Donc, on a mis les capteurs sur locomotive.
Mais quand tu as 500 km sur 550, qu’il n’y a pas de réseau Wi-Fi, il faut que tu sois capable de stocker l’information sur place. Quand il arrive à la fin, on envoie l’information, on l’analyse.
Après ça, on envoie des rapports automatisés aux compagnies minières.
Donc, dans certains cas, c’est un enjeu le stockage.
De l’autre côté, comme on disait, c’est résister à l’environnement auquel les informations vont être récoltées.
Ensuite de ça, c’est de créer les algorithmes.
Donc, des fois, c’est des données qui sont très simples.
Quand il faut avoir, mettons, la température, on s’entend que c’est une mesure directe.
Tu transites ça, puis tu mets un min max qui fait en sorte que tu as un problème.
Puis, alerte sur téléphone, c’est très « basic ».
Dans certains cas, il faut que tu crées des algorithmes.
Dans le cas de mon exemple ferroviaire, on a des millions de données qui arrivent d’un voyage de train.
Il faut créer des algorithmes pour faire en sorte…
Voici les valeurs qui sont importantes.
Qu’est-ce qu’on doit sortir pour être capable que le stockage final ne soit pas perdu dans une masse d’informations et plus dans une masse d’informations utiles dans son travail de tous les jours. Donc, ça, c’est un autre exemple qui est intéressant.
On achève. J’ai quasiment fini avec toi.
Ok, c’est bon.
Dans les gens que tu suis sur LinkedIn ou ailleurs sur Internet, est-ce que tu as des experts ou des compagnies que tu recommandes aux gens de suivre, parce qu’ils produisent du contenu intéressant? Qui est-ce que tu as en tête en ce moment quand je te pose cette question-là?
Je l’ai en face de moi.
Merci, tu veux que je te réinvite, c’est ça?
Ça pourrait être ça, mais en fait, je suis nul pour les noms. Chaque fois que j’ai été dans des événements organisés par le ministère de l’économie et que je parlais aux gens, j’ai toujours eu des discussions très sympathiques sur ce qu’ils font en 4.0.
C’est quoi leur vision?
Puis, je me suis mis à les suivre sur LinkedIn d’un point de vue plus personnel parce que je suis très côté humain.
Mais c’est assez particulier quand on connaît les auditeurs du ministère qu’il y a du savoir-faire au Québec qui n’était pas connu. Mais je serais comme un petit peu malaisé de vous donner un nom.
Le seul nom que j’ai, ce n’est même pas quelqu’un qui est auditeur, c’est le PDG de l’Aluminerie Alouette.
C’est un fervent admirateur du 4.0 qui s’appelle Patrice L’Huillier.
OK.
Sur LinkedIn.
Puis, c’est lui que je vois partager plus de trucs 4.0 dans mon fil LinkedIn.
OK.
Mais il y a plein d’autres personnes. Puis, je trouve ça intéressant. Mais le but, c’est que tu commences à rentrer. Un type comme toi, tu le suis. Tu regardes, c’est qui ses contacts.
Puis, un type comme moi, tu fais la même chose.
Oui.
Puis, c’est facile après ça de connaître le réseau.
Mais c’est vraiment là.
Tout est à bâtir là-dedans aussi. Ce n’est pas encore très connu les gens qui font ça. Puis, je n’aime pas ça tomber dans toujours les mêmes noms qu’on voit.
Oui.
Je laisse les gens découvrir à partir de nos réseaux respectifs. C’est peut-être la meilleure façon de trouver des perles.
Oui, tout à fait.
Il suffit de regarder qui commente sur les « posts » d’une personne et vice versa.
C’est un peu comme ça que j’ai réussi à tisser une certaine toile puis à suivre des personnes qui ont du contenu super intéressant à diffuser malgré le fait qu’ils soient vraiment occupés. Dans mon cas, assez loin aussi.
Oui, c’est ça.
Moi, je suis beaucoup plus près de toi de Montréal. Mais ceci dit, ça ne me rend pas Montréal accessible. À un moment donné, il faut que tu fasses des choix où tu concentres tes efforts. Mes visites dans la grande ville sont quand même très peu fréquentes.
Écoute, tu m’avais dit de façon humoristique quand on s’est rencontré le 10 janvier en formation AU MEI que tu étais bien « stoned », sur les médicaments.
La question qui tue, pour faire un audit 4.0, faut-tu que tu sois « stoned » en commençant ou tu le deviens à force d’en faire?
Oui.
Tu parles pour l’auditeur ou pour l’audité?
Pour l’auditeur.
L’auditeur.
En fait, au début, c’est d’avoir l’air, poser une question très ouverte. Essayer de comprendre le processus. Parce que même si tu as vécu plein de rencontres d’entreprises, tu as été en entreprise, chaque dynamique est différente.
Il faut le voir. Il ne faut pas essayer de tout changer dans l’entreprise. Il faut voir comment l’améliorer.
Donc, pour ça. Pour moi, même si je suis quelqu’un qui est assez verbomoteur, quand j’arrive en audit, je pose les premières questions. Mais c’est très ouvert. Ce ne sont pas des questions « canées ». Je veux vraiment avoir des discussions… Ouvertes, franches.
Des discussions vraiment de personne à personne, très informelles, qui permettent de comprendre comment ça fonctionne.
Et ne pas avoir peur aussi de jouer l’innocent. Le gars pas vite, qui ne comprend pas très bien, de réexpliquer. Moi, je suis nul en dessin.
Je fais des petits dessins, c’est quoi les opérations, avec des flèches. Quand je montre ça aux gens, voir si j’ai bien saisi, ils applaudissent mon talent totalement inacceptable d’artisan.
Mais ils me disent si j’ai bien compris ou pas. Ou s’il y a des choses qui sont plus…
Je leur dis au début: « Je vais vous le dire. Vous allez penser que je ne suis pas intelligent. C’est voulu. Parce que je veux vraiment me mettre au point zéro. Je ne connais rien de la business. Je veux vous connaître de A à Z. »
Pour ressortir de là, c’est comme ça que je leur dis. C’est comme si je partirais d’ici.
Je serais capable de rentrer dans chacun des postes d’emploi que vous m’avez fait auditer. J’aurais eu la formation de base pour être capable de faire ça.
En même temps, ça permet de faire comprendre aux entrepreneurs s’ils sont près ou loin du 4.0.
Quand tu sais que… J’ai déjà vu des entreprises où ça t’arrive que la personne te dit « Ça, c’est Roger. » Roger, c’est notre botte, sa peinture. C’est lui qui va tout faire, les mélanges. « Vas-tu faire ça? »
« OK. »
Ton Roger, ses recettes sont où? « Elles sont dans sa tête, Roger. »
Il est bon, ne t’inquiète pas.
C’est OK.
Est-ce que tu as assuré sa tête?
Je donne un exemple positif. S’il gagne à la lotto et qu’il part sur une balloune de 65 millions et qu’il s’en va ailleurs dans le monde et qu’il vous laisse comme ça, vous faites quoi avec la peinture?
« Ouais. »
« Ouais, mais vous avez-tu remarqué que la peinture, c’est un élément important de votre production et finalement, on est loin du 4.0 et vous êtes à risque ? »
Donc, la première chose, c’est de savoir, OK, toute votre production, est-ce qu’elle est bien comprise?
Est-ce que c’est bien décrit les opérations qui sont valides là-dedans?
Parce qu’une fois qu’on va tomber dans le 4.0, toute la question des processus, si c’est bien écrit, c’est toujours une question niaiseuse quand tu parles aux gens.
Ils ne voient pas trop c’est quoi l’intérêt, mais c’est quand la personne s’en va, c’est important.
De l’autre côté, c’est quand tu veux mettre du 4.0, il faut que tu saches que l’information, c’est important de la récolter. Tu le vois dans les processus. On sait que là, ici, il n’y a aucune valeur ajoutée. À ce que ce ne soit pas un humain qui soit là. Bien, ça ne donne rien de mettre des outils numériques là-dedans.
De l’autre côté, quand on voit que c’est un gros « bottleneck », cet endroit-là, parce qu’il y a telle information qui doit être transitée dans un autre processus, bien là, tu le dis, OK, ici, on peut peut-être mettre un outil, on va faire en sorte que ça va envoyer de processus à processus de façon automatique ou ça va aider les utilisateurs.
Parce qu’on s’entend qu’il n’y a pas encore d’entreprise 100 % 4.0 dans le monde, puis on n’est pas encore là.
La technologie n’est pas encore assez avancée pour qu’il n’y ait plus besoin d’humains.
Mais le but, c’est de faire en sorte qu’il y ait de moins en moins d’interactions humaines, s’assurer qu’il y a de moins en moins de trucs qui, finalement, sont répétitifs ou plates, qui ne soient pas à la hauteur d’un humain, si on pourrait dire ça de façon…
Parce que, de toute façon, les gens veulent passer à autre chose.
Ce n’est pas pour rien que, tu sais, des McDonald’s, maintenant, il n’y a plus de caissier, puis que c’est des bornes.
Ce n’est pas parce qu’ils veulent couper des emplois, c’est parce que les gens ne veulent plus faire ce genre d’emploi-là.
Donc, il faut toujours trouver une façon de faire en sorte que, comment que je peux avoir l’information de la commande, qu’elle soit transitée à ma production, puis après ça, que je la donne au client.
On essaie d’enlever le plus d’humains possible.
Tu sais, tu regardes les jobs d’entrepôts qui sont remplacés par des robots, tu sais, ce n’est pas tant le « packaging », mais c’est tout le volet de manipulation puis de déplacement dans l’entrepôt, c’est ça qu’ils remplacent.
Tu sais, dans les entrepôts d’Amazon, tu as des robots convoyeurs pour amener le stock à la zone de « shipping », mais à partir de là, c’est quelqu’un qui fait le « packaging », dans la plupart des cas.
D’ailleurs, tu me parles d’un exemple, puis j’avais été dans une entreprise que, tu sais, on voyait vraiment qu’ils voulaient passer à une autre étape, puis ils s’étaient acheté une machine, elle était incroyable, elle était connectée avec leur système de gestion, elle découpait des plaques dans des planches de bois, puis elle disait à l’utilisateur, à l’humain, « Mets-là, dans tel case, à tel endroit, je vais te le dire quand je vais avoir besoin de tout ça pour faire la maximisation des retailles quand je refais d’autres pièces. »
Puis écoute, c’était incroyable, ça lançait le processus de production, mais une fois que c’était fait, la machine, elle roulait, finalement, à 10, 20 % du temps.
Elle était super performante, mais le reste suivait pas, fait que t’arrivais, tu repilais tous les produits qu’elle faisait.
Donc, on voyait vraiment qu’on était peut-être allé trop vite pour automatiser le processus de production parce qu’on n’a pas pris acte de tout ce qu’il y avait autour.
On a investi beaucoup sur cette machine-là sans avoir, finalement, les ressources financières pour investir dans les autres machines.
Donc, finalement, ça a été une dépense, même si la machine, elle était super hot, elle était super incroyable, puis finalement, ça donnait pas… une grosse augmentation de la productivité des entreprises.
OK. Je veux saluer Pascal Vachon qui est là à l’écoute, qui t’écoute religieusement depuis tantôt, probablement.
Il nous dit ce commentaire suivant, il dit « J’ajouterais que la démarche d’audit permet toujours de soulever des opportunités d’amélioration qui ne sont pas liées au numérique, mais qui apportent un gain souvent très rapide. »
Ça, c’est quand même intéressant.
Il dit « On revient au concept de valeur ajoutée. Brasser des boîtes, ça donne pas de valeur au contenu. » Effectivement. Mais tu sais, en même temps, quand t’arrives là-dedans, que t’es un auditeur numérique, que tu rentres dans l’entreprise, que t’as une discussion, c’est déjà arrivé que j’ai vu un élément qui a fait en sorte qu’on devait améliorer un aspect de leur plan stratégique de l’entreprise, qui n’était pas relié à l’audit numérique, mais parce que j’ai fait plein d’entreprises, c’est un savoir-faire, tu rentres quelqu’un d’externe, t’as pas l’arbre en avant de ta forêt, t’as une vue d’ensemble.
D’avoir ce petit moment-là de réflexion sur ton entreprise, comment ça fonctionne, les gens, la plupart du temps, me disaient « T’as même pas besoin de me faire un rapport numérique. Tu m’as déjà très été utile pour la suite des choses chez nous, juste par nos discussions qu’on a eues, qui m’a permis d’allumer sur des opportunités qu’on ne saisissait pas. »
Parce que t’as posé une question niaiseuse sur notre procédé, puis on s’est rendu compte qu’on agissait de façon niaiseuse dans l’entreprise, mais on s’en rendait pas compte parce qu’on s’était jamais posé la question.
C’est le genre de choses de même, c’est un commentaire tout à fait pertinent que ça permet d’ouvrir d’autres portes aussi au sein de l’entreprise pour un audit numérique.
Effectivement.
En fait, ça fait 45 minutes qu’on échange, le temps passe vite.
Je t’invite peut-être, en terminant, si t’as une annonce particulière à faire aux gens qui nous écoutent, aux quelques personnes qui nous écoutent, puis qui vont nous écouter aussi en différé par la suite, parce que le clip, on va le rendre disponible en différé.
Bien, je pourrais me vanter, je pourrais vanter mon organisation, mais je suis pas là.
Ce que je vais faire, c’est que ce qui semble le plus important pour moi, c’est que les gens connaissent qu’un programme, le plan numérique, le programme audit industrie 4.0 au ministère de l’Économie, qui te permet de faire un plan numérique et aussi de mettre en place les premières mesures numériques, donc qui t’aident à financer ça.
Ce n’est plus totalement 100 % gratuit, mais un bon montant de ça est gratuit de ces subventions-là, puis ça va jusqu’à un total de 45 000.
Donc, c’est vraiment l’étape qu’on pourrait dire qui pourrait vraiment bien vous aligner pour devenir une entreprise 4.0 ou à tout le moins intégrée dans votre entreprise, de faire le plan numérique, puis de financer les premières étapes pour pouvoir y arriver au 4.0.
C’est extrêmement rapide.
Des fois, on a toujours la crainte quand on fait affaire avec le ministère, que ce soit lourd avec des formulaires à ne plus finir.
Dans ce cas-ci, ils l’ont fait vraiment. C’est une priorité gouvernementale. C’est très simple, c’est très agréable.
Ça a une implication de temps de l’entreprise, bien évidemment, parce qu’il y a un audit qui se passe au sein de l’entreprise, mais tout le monde, en fait, m’ont tous dit que c’était très intéressant, le rapport temps investi et retombées dans l’entreprise.
C’est vraiment de profiter du programme qui est encore là pour au moins quelques années du ministère de l’économie, de vous aider à rentrer dans le 4.0 et d’y aller de façon coordonnée.
C’est peut-être la meilleure chose.
En plus, ça a sorti récemment, c’est en début janvier, que la mise à jour du programme a réglé ses erreurs de jeunesse.
C’était un programme qui était relativement nouveau.
N’hésitez pas à en profiter. Ils vont certainement continuer à l’améliorer.
Près de 300 audits faits… Ils ont de plus en plus d’informations sur lesquelles se baser pour améliorer.
Ils sont vraiment « trippants » l’équipe numérique du gouvernement du Québec. Ils sont « businessmen ». Ils écoutent le retour des auditeurs.
Moi, ça fait longtemps que je suis avec eux autres. La plupart des récriminations qu’on a entendues par rapport aux premiers, ils ont tout écouté et ils les ont adressé.
On voir vraiment qu’il y a une rétroaction.
Comme tu le dis, Simon, c’est clair que c’est un « work in progress ». Ils sont à l’écoute des gens, autant des auditeurs que des audités. Les audités ont à remettre à la fin un questionnaire de satisfaction.
Ils écoutent beaucoup le retour des gens par rapport à ce programme-là.
Russel, je veux te remercier infiniment pour tout ton temps ce matin et la générosité que tu as pour partager ton savoir et ton vécu dans la vaste Côte-Nord et ailleurs au Québec.
Moi, j’invite les gens à t’ajouter Russel Tremblay sur LinkedIn. Clic, clic, clic, clic.
Invitez-le. C’est assez facile à trouver.
Des Tremblay au Québec, il y en a beaucoup, mais Russel Tremblay, il ne doit pas en avoir tant que ça.
Excellent.
On va fermer le live. Merci encore une fois Russel et à bientôt pour un prochain live.
N’hésite pas Simon.
Merci.
Autres webinaires avec des auditeurs 4.0
- Benoit Cormier, de GLM Conseil.
- Dominic Pilon, de Hyperzic.
- Pascal Vachon, d’Akronym Conseil et Stratégie.
- Éric Dostie, de Roaxes Innovations.